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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 19:18

32e dimanche du Temps Ordinaire B

 

1R17, 10-16; Ps145; He9, 24-28; Mc12, 38-44.

 

Juillet 1947. Dans les prisons d’Auschwitz, un prêtre franciscain,  Maximilien Kolbe, offrit sa vie pour sauver une autre, celle d’un père de famille. Au 9e siècle avant Jésus Christ, au temps du Roi Akhab, époux de Jézabel, fille du Roi de Tyr, lorsqu’Elie le prophète fuyait la famine, une femme, une veuve, dans un abandon sans condition, sans demander d’autres assurances que la parole donnée du prophète, fit cuire ce qui restait pour sa propre survie et celle de son enfant et le donna au prophète du Seigneur (1Rois17, 21).  Entre l’an 36 et 39 de notre ère, une veuve encore, une pauvre, déposa dans le tronc du temple deux piécettes d’argent, les dernières, qui l’auraient certainement maintenue en vie, sous le regard satisfait de notre Seigneur Jésus Christ. Qu’est-ce qui a poussé ces hommes et ces femmes d’hier et d’aujourd’hui à poser des actes si audacieux ? LA FOI. Mais que signifie pour nous, chrétiens du 21e siècle, cette réalité ?

Est-ce pour nous un mot, une réalité à la mode ? Ou bien est-ce une expérience personnelle ? Est-ce pour nous une commodité, l’assurance d’être enterré avec pompe et cérémonies extérieures, ou est-ce pour nous un engagement ? Est-ce pour nous enfin un motif de domination (cf. Mc12, 38-40) ou est-ce pour nous un appel au service des frères ?

Les textes liturgiques de ce dimanche nous font voir deux femmes, deux veuves, et un enfant, l’orphelin, qui donnent au Seigneur tout ce qu’ils avaient pour vivre, sans témoin, sans caution. Leur investissement, dirions-nous aujourd’hui, est quelque peu osé. Comme nous le savons déjà, dans la tradition biblique, la veuve et l’orphelin sont des images typiques de petites gens, des gens  sans importance, dont on ne fait pas grand cas et qui par conséquent subissent les injustices outrées de la société. Ces personnes n’ont, parmi les hommes, aucun lieu sûr pour se réfugier au temps de la détresse, aucune personne-ressource pour les aider au besoin, aucun proche-parents dans tel ou tel service pour appuyer leurs demandes d’emploi, dans tel ou tel ministère pour leur obtenir une bourse d’étude. Leur seul soutien, et si seulement ils le savent eux-mêmes, c’est Dieu. Pourtant cette situation peu enviable doit devenir celle de tous ceux qui se réclament de la foi en Dieu. La foi en Dieu exige de nous une totale confiance en LUI seul. C’est lui seul notre assurance, c’est lui seul notre sécurité, c’est lui seul notre rempart, c’est lui notre providence.

Dieu providence

Dieu n’oublie jamais ceux qui se confient à lui, il ne déçoit jamais ceux qui mettent leur espoir en lui, ceux qui espèrent en son amour. Dieu ne peut voir ses enfants souffrir indéfiniment. Il dit à la veuve de Sarepta : « Ne crains pas » (Référence). Parce qu’il en a fait l’expérience, l’auteur du psaume 145 en témoigne : « Heureux qui s’appuie sur le Dieu de Jacob, qui met son espoir dans le Seigneur son Dieu ». Jusqu’où avons-nous confiance en ces paroles de foi ? Jusqu’où va notre confiance en ce Dieu qui n’attend que notre « oui » total pour nous venir en aide ? En cette année de la foi, il convient que nous interrogions sans ménagement aucun nos attitudes quotidiennes, jusqu’où nous laissons le Seigneur agir dans nos vies, jusqu’où nous ne nous fions pas aux sécurités terrestres (personnes, sortilèges, statut social), jusqu’où nous ne devenons pas injustes pour satisfaire le ventre. Le Seigneur est providence et soutien du faible, il ne laisse pas mourir l’affamé, il habille celui qui est nu, il libère celui qui est enchaîné. Un jour, alors que je m’étais rendu au grand marché pour tirer quelques photos, je vécus une scène palpitante qui m’a laissé longtemps rêveur. Deux fous passaient en sens inverse, l’un habillé et le reste de sa garde-robe bien fournie pendu à son épaule, l’autre vraiment mal habillé, torse nu. S’étant arrêté et sans mot dire, le premier tira de sa garde-robe une chemise et en recouvrit le torse du second. Il retira ensuite de son bagage une ceinture dont il ceignit son ami et qui permit de cacher sa poitrine laissée découverte par une chemise dont les boutons ont sauté. Je compris ce jour-là seulement que Dieu s’occupe de tous ses enfants et ne veux en perdre aucun. Mais comment vivons-nous notre foi ? Qu’offrons-nous à Dieu ?

La foi, un don total de nous-mêmes, un sacrifice onéreux.

Dieu ne veut pas de notre foi hypocrite, hésitante, opportuniste. En réalité, nous avons tendance aujourd’hui à ne croire en Dieu que quand tout va bien pour nous ou quand nous voulons quelque chose de lui. Dieu ne veut pas de notre foi qui n’offre que la partie superflue de nous-mêmes. Les veuves de Sarepta et du Temple de Jérusalem nous donnent une leçon d’abandon total sans calcul de toute la vie. Elles donnent à Dieu tout ce qu’elles avaient pour vivre. Elles ne donnent pas de leur superflu. Elles donnent en fait toute leur vie. Comment gérons-nous notre relation à Dieu ? Nous sommes prêts à sacrifier la messe dominicale pour nos affaires, nous sommes prêts à retourner voir le féticheur quand les choses ne vont plus dans nos vies ; nous sommes prêts à garder pour nous-mêmes ce qu’on appelle souvent nos péchés mignons au lieu de nous en corriger, nous sommes prêts, frères et sœurs, à cacher une partie de nous-mêmes à Dieu. Dieu exige de nous en ce dimanche et providentiellement en cette année de la foi, un don total de nous-mêmes. Il n’est pas facile de croire. Ce n’est pas une partie de rires et de joie sans fin. La foi demande toujours un sacrifice amer de nous-mêmes, de nos sentiments, de nos conceptions pour adopter le point de vue de Dieu. Le Christ est le modèle de notre sacrifice. Comme le Christ, notre don total à Dieu est onéreux. Le Christ a donné son propre sang. Se démarquant des vieux sacrifices, il n’a pas offert un sang qui n’était pas le sien. Son propre sang, goutte après goutte, s’est répandu pour notre rachat. Dans le don qu’il faisait de lui-même à son Père, il s’est donné tout entier à nous, pour faire notre salut.

La foi, un amour qui nous engage

Dimanche passé, l’Evangile nous a invités à un amour total pour Dieu et pour nos frères : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force… Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mc12, 30-31). Aujourd’hui nous sommes invités à une plus grande offrande de nous-mêmes à nos frères. Quel sens ont tant de sacrifices pour Dieu, tant de temps perdus pour participer aux messes, tant de ressources investies pour soutenir la construction d’une église par exemple si nous brimons les faibles, les spolions, les faisons battre dans la rue, pour une juste cause qu’ils défendent ? Quel sens donnons-nous à nos prières, qu’espérons-nous de Dieu si nous ne travaillons pas, frères et sœurs, à relever, à respecter, à promouvoir l’homme que le Christ est venu sauver par un si grand sacrifice ? Si nous collaborons à l’échec de l’homme, si notre foi ne nous engage pas dans la voie que le Christ lui-même a prise, c’est-à-dire sur le chemin d’une souffrance rédemptrice pour nos frères, pour nos quartiers, pour nos villages et nos villes, notre foi serait une foi hypocrite. Nous ressemblerons au portrait sévère des scribes que le Christ nous donne.

Pour finir, soyons convaincus qu’il n’y a personne de très pauvre qui ne puisse faire du bien à son frère, à son village, à sa ville ou à son pays. Il n’y a personne de très démuni qui ne puisse remplir son obligation envers le frère, envers son église. Comment, entre nous, assumons-nous nos deniers de culte, nos dîmes, nos obligations envers l’Eglise. Nous tendons de plus en plus à banaliser ces aspects de notre culte. Redécouvrons à l’exemple de la veuve de l’Evangile nos devoirs. Ne nous y dérobons plus trop facilement. En ce dimanche, demandons la grâce d’une foi confiante en Dieu, d’une foi sans hypocrisie, d’une foi qui nous engage tout entier pour Dieu et pour nos frères.

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